Catherine Henrist : insuffler l’espoir et sensibiliser les jeunes générations
Déjà engagée à travers des recherches tournées vers l’énergie et l’environnement, la chimiste Catherine Henrist a un jour décidé de passer à la vitesse supérieure et d’infuser ses valeurs de développement durable de façon plus large, au sein de l’Université.
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C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Catherine Henrist, chercheuse en chimie des matériaux à la Faculté des sciences, aborde l’avenir de notre société. « Je ne me sens absolument pas paralysée par une forme d’écoanxiété, sourit-elle. Au contraire, le contexte actuel me stimule et me donne envie de faire bouger les lignes. »
Ni inquiétude ni colère, pour cette professeure de chimie qui confie s’être « rapidement protégée des discours qui décrivent l’ampleur de la catastrophe à venir. Je n’ai plus la télévision, je n’écoute plus le journal… Désormais, je me nourris uniquement des récits inspirants de gens qui créent des solutions », raconte-t-elle.
Ces récits, Catherine Henrist vient régulièrement les visionner au Sauvenière, le cinéma du centre de Liège qui fait partie des Grignoux, une ASBL d’économie sociale et solidaire, d’où elle a souhaité parler de cette Fabrique des Possibles. Pour elle, « ce lieu intègre toutes les dimensions du développement durable, en incluant à la fois les arts et la culture, mais aussi l’alimentation, l’économie locale, le droit à l’emploi pour tous. » Elle y a même déjà organisé des rencontres pour les étudiants et étudiantes, avec un franc succès. « L’objectif était de les rassembler au maximum autour de récits qui leur redonnent de l’énergie, comme le film Animal, de Cyril Dion », évoque la chimiste.
Enseigner...
Mobiliser les étudiants, voilà décidément une histoire qui revient souvent dans le récit de Catherine Henrist, et pour cause. D’abord chercheuse autour des questions de production d’énergie solaire, elle s’est de plus en plus rapprochée des salles de cours et amphithéâtres. « J’enseignais déjà la chimie générale, mais à l’occasion du confinement, j’ai réfléchi à comment exploiter ce temps qui m’était offert, se remémore-t-elle. J’ai alors conçu un cours de chimie des matériaux et développement durable, centré sur ce dernier aspect. »
Catherine Henrist espère pouvoir développer ce cours, particulièrement bien accueilli par les étudiants, et l’adresser à d’autres sections. Et, dans le même temps, convaincre ses collègues d’une refonte du cursus de chimie en une version « chimie durable », « de façon à rendre nos étudiants capables de mettre au point de nouveaux produits compatibles avec le monde de demain. »
Un futur que la chercheuse perçoit avant tout comme tributaire de la question de la raréfaction des ressources. « Qu’on le veuille ou non, les ressources pétrolières et minières s’épuisent, assène-t-elle, et nous avons l’obligation de concevoir des produits qui soient démontables en fin de vie pour pouvoir les recycler efficacement. »
À ce titre, Catherine Henrist estime qu’on ne peut faire l’économie d’une réelle réflexion en amont. « Il faut d’abord repenser nos besoins réels à la baisse et ne pas se contenter de substituer un produit par un autre. Nous devons aussi aller vers des matériaux qui soient peut-être moins performants, mais surtout moins chers et plus abondants, explique-t-elle. La course à la performance n’est pas la seule solution. J’ai coutume de dire à mes étudiants que la photosynthèse a changé la face du globe avec un rendement de 4 % ! »
... et promouvoir
En plus de ses activités d’enseignante, Catherine Henrist est également très active au sein du Green Office de l’ULiège. « J’ai rencontré Cécile van de Weerdt, sa coordinatrice, alors que j’étais en quête de plus de sens au sein de mon travail, relate-t-elle. Cela a été une belle rencontre, suivie d’une collaboration forte, porteuse de nombreux projets par et pour les étudiants, et ayant pour but de convaincre de la nécessité d’insuffler la transition au sein de l’Université. »
Il est bien sûr impossible qu’un tel investissement autour de ces questions d’avenir n’aient aucun lien avec sa vie de famille. « C’est même par cette voie que tout a commencé, retrace Catherine Henrist. D’abord autour de la question des déchets, puis de fil en aiguille, nous nous sommes intéressés à ce qu’on mangeait, à la façon dont notre nourriture est produite, dont nous nous déplaçons et consommons. Aujourd’hui, ce sont tous les aspects de notre vie qui s’en trouvent transformés ! »
Si elle a réussi à fabriquer de nouveaux possibles dans sa vie personnelle, la chercheuse espère convaincre ses étudiants d’en faire autant. « C’est même notre rôle de participer à en faire des citoyens capables de contribuer à une société meilleure ! s’exclame-t-elle. Et j’ai le sentiment qu’avec la nouvelle équipe rectorale, un vent de changement souffle au sein de l’université. Je souhaite tellement que ces frémissements prennent de l’ampleur afin que tout le monde s’en empare, et qu’enfin s’opère un courageux tournant. »
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En tant que lieu de production et de transmission des connaissances scientifiques, l’Université a un rôle majeur à assumer. Elle doit à la fois accompagner la transition de la société mais également penser sa propre transformation. La nouvelle équipe rectorale a placé la transition environnementale et sociale au cœur de son programme et en a fait un élément transversal et structurant de son plan stratégique institutionnel.
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