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Nicolas Antoine-Moussiaux : prendre soin ensemble

Une seule santé, celle de la planète


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One Health, une seule santé : un concept, une philosophie, une vision du monde qui guide le travail de recherche et d’enseignement de Nicolas Antoine-Moussiaux. Ce vétérinaire de formation tisse de nombreux liens entre les pays et les disciplines. Et porte un regard englobant sur la santé de notre planète, avec tout ce qu’elle abrite de vie.

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Dans son bureau, c’est un tour du monde d’objets. Tissus patchworks aux murs, sculptures de chameaux, d’éléphants et d’oiseaux, wax colorés, cartes et souvenirs de pays du Sud, photos de groupes d’étudiants internationaux souriants, tout juste diplômés. Et près de sa table de travail, un dessin encadré : d’une tête de vache s’échappe une main ouverte qui porte à la fois un arbre en son creux et des racines qui s’ancrent dans les cornes du bovin. En quelques traits de crayon très justes, le fils de Nicolas Antoine-Moussiaux a résumé ce à quoi son père consacre sa vie d’enseignant-chercheur : la santé des humains, la santé des animaux et la santé des plantes sont inextricablement liées, formant en réalité « une seule santé », celle de la planète.

« Ce qu’on appelle aujourd’hui One Health correspond à une conception ancienne, présente dans les pensées traditionnelles depuis la nuit des temps à travers le monde. Ce qui est neuf, depuis les années 2000 environ, c’est la prise de conscience que des disciplines scientifiques, qui rencontrent pourtant des succès majeurs  dans leur mode de fonctionnement spécialisé et cloisonné, ne peuvent répondre seules à certaines questions qui se situent à l’interface des mondes humain, animal et environnemental, explique Nicolas Antoine-Moussiaux. Le véritable enjeu aujourd’hui, c’est : comment travailler ensemble autour de ces questions ? »

C’est principalement face aux maladies infectieuses émergentes (Ebola, grippe aviaire, covid…) et à l’antibiorésistance que le One Health s’est construit depuis une vingtaine d’années. Pour répondre à ces enjeux de santé publique, il a été nécessaire de décloisonner les approches en cherchant des pistes du côté des croisements, des intersections. Les états des écosystèmes, des espèces animales, végétales et des êtres humains s’influencent mutuellement. Cette vision est indispensable pour faire face aux urgences sanitaires qui se multiplient au gré des changements globaux, notamment climatiques.

« Au-delà de la surveillance et de la réactivité face à l’urgence, qui sont nécessaires, le concept d’une seule santé est une approche tournée vers la prévention. On parle ici d’une prévention « profonde » : comment concevoir les risques sanitaires le plus en amont possible ? Comment protéger les écosystèmes, la biodiversité, penser nos usages  pour empêcher l’émergence de nouvelles maladies infectieuses  ? Comment bâtir des villes génératrices de santé pour leurs habitants, en prévoyant une place pour le vivant ? Comment  nous assurer une alimentation saine produite dans le respect de l’environnement, des animaux et des personnes ? Ces questions appellent à de nombreuses collaborations !» ajoute le chercheur. Une approche qu’il conçoit comme positive et porteuse d’espoir.

Au Sud, au Nord

Par définition interdisciplinaire et international, le One Health s’est naturellement invité dans le parcours de recherche – et de vie – de Nicolas Antoine-Moussiaux. Docteur en médecine vétérinaire, formé également en sociologie et économie du développement, le scientifique n’a jamais perdu de vue son désir initial : travailler pour la coopération au développement.

Au fil de ses voyages dans de nombreux pays du Sud (Afrique, Asie du Sud-Est, Amérique latine…), il se trouve régulièrement confronté à la complexité des problèmes. Tout est enchevêtré. Tout semble entremêlé. Chaque solution proposée génère de nouveaux obstacles. « J’ai donc été amené à collaborer avec des personnes issues de disciplines de plus en plus variées » se souvient-il. Un cheminement, une maturation lente qui l’ont sans cesse poussé à chercher le croisement, la collaboration, l’ouverture. « J’ai réalisé peu à peu que ce que je faisais correspondait à ce qui émergeait en parallèle dans la communauté scientifique comme l’approche une seule santé. »

En tant que vétérinaire de formation, et même si son parcours ne l’a pas mené à les soigner, il souligne le rôle central joué par les animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques, de compagnie, de production ou de sport, et sur deux jambes même, « l’homme étant bien sûr une espèce animale ! » « Mais, ajoute-t-il, si la centralité de l’animal a motivé une forte présence des vétérinaires au sein du One Health, celle-ci ne doit pas biaiser l’approche : les problèmes sont interconnectés et toutes les disciplines doivent contribuer aux solutions, de façon équilibrée ».

Au sein de l’Université de Liège, le mouvement trouve un terreau fertile pour s’ancrer largement. «Il y a ici autour du One Health de nombreux talents, personnes et expertises venues de toutes les facultés. Chacun, chacune peut apporter une pièce à ce grand puzzle » se réjouit-il. L’objectif de l’ULiège est d’ailleurs bien de coordonner et renforcer ce mouvement pour agir de façon concertée et originale tant au niveau international que national et local. Ce à quoi celui que ses collaborateurs appellent « Nam » s’attelle avec passion.

Optimisme et espoir

Contribuer à changer les choses pour un monde plus juste et durable : tel est son objectif  – de chercheur, d’enseignant, de citoyen. Avec comme moteur, l’autre et  « l’immense plaisir de rencontrer de nombreuses personnes, d’être confronté à d’autres manières de penser. C’est ressourçant et revitalisant, de manière constante » sourit-il. Ainsi, convaincu qu’on ne peut rien seul, ou assez peu, Nicolas Antoine-Moussiaux se base sur la rencontre, la collaboration et propose de s’armer d’optimisme et d’espoir « pour fabriquer le monde dont on a envie ». 


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